L'impact de la séparation sur les enfants
Sarah Balaes
Le désordre c’est bien, cela surprend, par des chemins inattendus, en voie directe de l’âme.
Amener les convives à l'étonnement est souvent le secret non avoué du cuisinier. L’humour ? Épice indispensable qui relève la consultation. L’humour par son amertume décalée, rehausse le plat. Il revisite l'histoire rapportée de manière parfois brutale, avec toute la douceur de la dérision.
L’humour permet de relativiser, de nuancer, de se distancer par rapport à son propre récit. Amener la personne que l’on a en face de soi à pouvoir rire, et non se moquer, d’elle-même génère un dialogue en son sein. Un dialogue, bienveillant, non jugeant et comique !
L’humour permet de ramener un temps de respiration, de légèreté quand le récit semble bouché, encombré d’un ciel sombre sans espoir. L’humour amène quelques éclaircies, petite brise qui fait tournoyer les feuilles et écarte les nuages.
Comment doser ? Il y a autant de manières d’épicer qu’il y a de thérapeutes et de clients en psychothérapies. Certains aiment un bon assaisonnement, d’autres sont plus parcimonieux.
L’humour se construit tout au long de la relation thérapeutique, et l’on peut parier qu’il prendra plus et plus de place au fil des consultations. On y entre prudemment, sans frapper ni brusquer. Nul besoin de demander la permission. On l’amène d’autant plus que la confiance se construit.
Il peut être considéré comme un indice d’alliance thérapeutique.
Je commence par l’épice, car il est bon de se soucier du détail, révélateur, de ce petit détail qui change tout à la lueur de l’effet papillon. Le détail dans la grimace, le croisement de jambes, le tremblement d’une lèvre, le choix des mots, raconte souvent bien davantage que les mots.
Après l’humour, prenons la pièce de choix. Que cuisine-t-on aujourd’hui ? De l’amour !!
L’amour, qu’on le mette à n’importe quelle sauce, c’est toujours bon. Il n’y en a jamais trop.
Il est toujours digeste, même pour les estomacs les plus fragiles. L’amour est au centre de la table et de la consultation.
Pas de plat..., pas de repas. Il n'y a pas de consultation sans amour.
L’amour est si souvent tabou dans le monde de la psychothérapie. On s’en protège, il faut garder la distance. On s’en inquiète tant, qu’elle se rigidifie. La relation goute le carton de l’emballage, du cadre avant tout ! La peur du thérapeute est souvent cachée dans cette distance. Pourtant l’amour seul permet l’écoute bienveillante, non jugeante, l’investissement du thérapeute pour le bien du client, l’empathie et la confiance absolue qu’il a en lui les capacités de son devenir. Sans amour, tout n'est que fiction, on ferait 'comme si ’ on croyait en lui.
L’amour, pièce maîtresse, accoucheuse des plus grandes attentes, des plus grandes envolées, des plus grands changements dans la vie de chacun. Utilisons-le! Mangeons-le à pleines dents.
Profitons de sa consistance, des images que son gout éveille à notre palais, et surtout du profond sentiment de bien-être qui emplit notre ventre.
Sans amour, il y a de quoi manger, bien sûr, mais l'estomac criera famine rapidement après le repas.
Sans amour, pas de rythme, pas de pulsation, pas de résonance. La consultation ne chante pas, elle ‘fonctionne’, mais ne remplit pas sa mission pleinement, c’est-à-dire la rencontre entre deux personnes dans le seul but d’amener l'autre à un état de mieux-être.
Enfin quelle sauce avec ce plat ? Quelle onctuosité, quelle saveur ? Comment vous faire rêver, voyager au fil du temps et des continents, tout en mangeant ce repas devenu festin ? Quelles expériences nouvelles, quelles madeleines de Proust, quels étonnements vous ramenant à de si beaux souvenirs d’enfance vous surprendront assis à cette table?
La sauce ne peut être que métaphorique, liant les mets du repas par des éléments qui les dépassent d’autant plus que les liens sont puissants et inconscients. L’image surprend en 1er lieu celui dont elle s’échappe de la bouche. Il n’en a pas encore d’explication au moment où il la livre. La sauce surprend le cuisinier dans sa rêverie.
Le voyage au pays des métaphores conduit à une nébuleuse où les imaginaires se rencontrent de plein fouet. La sauce assure ce liant aussi subtil qu'indispensable au bon plaisir des convives. Elle les emmène si haut, si loin comme un goéland portant sur ses ailes deux passagers clandestins vers des horizons nouveaux.
La métaphore est cousine de l’amour, elle -même cousine de l'humour. Ils s'amusent souvent à jouer ensemble. L’humour se nourrit de métaphore, comme la métaphore par son côté inattendu subversif, créatif, surprenant peut amener à un éclat de rire.
Dans ce plat envié par tous les convives, les saveurs se mêlent, est-ce la sauce, les épices ou la pièce cuisinée ? Peu importe, l’ivresse est présente et amène à un état de transformation. Celui tant attendu par le cuisinier.
L’art du cuisinier est cette alliance magique des ingrédients qui atteint son but : la rencontre entre deux âmes, deux esprits, deux cœurs, avec à la clef la transformation de deux êtres. Le cuisinier qui affine son art, et le patient qui sort de l’impasse, ou évolue juste un peu plus rapidement dans la découverte de sa brillance.
Une belle consultation tout comme un bon repas relève du talent de l'alchimiste.
Elle crée à partir de produits simples des plats raffinés. Elle transforme les multiples signes de tristesse, de souffrance brute en myriades de perles de changement. Des terres de désolation deviennent des jardins de découvertes.
A table, donc!
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Sarah Balaes
Pierre Duray
Sarah Balaes
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