L'impact de la séparation sur les enfants
Sarah Balaes
Voilà un peu plus d'un an que j'écrivais ses lignes. Quelle(s) réponses(s) apporterons-nous? Quelle prise de conscience, quelle résilience? Quelle décision? Après ce tsunami de notre quotidien.
"Quel plaisir, ce confinement..."
Bien sûr, cette épidémie est avant tout dramatique, tue, vulnérabilise, enferme, isole, angoisse.
Et pendant ce temps là....
On ne peut plus aller travailler, enfin, on n'a plus le droit d'aller travailler.
Le confinement nous est imposé, l'héroïsme est bon marché : il suffit de rester chez soi.
Les patients osent à peine l'avouer, commencent leurs phrases avec 'j'ai honte, je dois bien l'avouer, mais comme cela fait du bien...'
A croire qu'ils n'attendaient que cela, non un épidémie mais un repos forcé qu'ils n'auraient pensé, osé demander.
Autant de burn-out qui ne consultaient pas, autant de silences de personnes épuisées.
Pour les parents, le temps ...Fini le travail, finis les trajets, pour les scouts, l'académie, le hockey, le foot, le yoga....
La pose s'impose dans toute sa belle largeur.
Le confinement force des rencontres inattendues. Empêchée, la communication se libère
On a du temps...un temps en suspension.
Hier, on le mendiait. Pour en avoir, Il fallait passer par la case 'maladie' dans le cynique jeu de notre société.
Ce temps si précieux, réduit à rien dans notre quotidien de hier, se déverse sans mesure dans les rues désertées.
Hier, on le pressait . A n'en garder que l'amertume, la lourdeur de l'abondance, l’acidité du stress, bouche sèche, estomac brûlant..
Tel un mauvais vin sans profondeur, ni saveur dont la seule vertu est l'oubli.
Hier, on l'enfilait sur un boulier compteur, celui des jours, des semaines et des mois qui défilent
Les we et les vacances servaient souvent de congé de maladie.
On décompte les jours....au lieu de les savourer: bientôt le we, tenir jusqu'aux vacances.
Hypothéquer le quotidien....... Vacances chères payées. Sur son autel, on sacrifie le temps.
Pas de temps de recul, pas de temps de pose, ni de récupération, pas de temps de réflexion, pas de temps de mise en application des bonnes résolutions etc...
Parlant de résolutions, ou en sont-elles, nos bonnes résolutions de janvier ?
Cette fois, nous n'avons plus l'excuse du manque de temps.
Comment resynchroniser nos vies ?
Le temps du confinement passe, et puis après?
L'oubli risque de tracer son chemin, et nous faire perdre de vue notre aliénation d'avant.
L'amnésie pourrait la transformer en regrets, en l' enrobant d'une nostalgie mensongère.
Ah le bon vieux temps, quand on pouvait travailler, dépenser, acheter pour oublier l'indispensable éphémère.
La fin du confinement signera-t-elle un nouvel arrêt de mort pour la planète et ceux qui l'habitent?
Je crains que les rues se gorgent à nouveau jusqu'à l'asphyxie et que les cabinets de consultation se remplissent de ceux-là qui travaillent trop ou trop peu.
Je crains que nous continuions dans le trop, compulsivement, à rêver de rêves de dépliants
Je crains que nous travaillions trop, et perdions le temps de vivre
Evidemment, nous pourrions tracer, dès maintenant l'esquisse de notre 'après coronavirus', et prendre le temps des détails nécessaires .
Si on se met à rêver, nous pourrions même intégrer cette expérience inédite dans nos choix politique et économiques....
Nous garderions alors de cette histoire, chacune et chacun, une cicatrice,
Il est de très jolies cicatrices...
Si on se met à rêver..."
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Pierre Duray
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