Oser changer de vie professionnelle

Anonyme

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Pour illustrer ce sujet, je voudrais partager le témoignage d’une ancienne collègue, Brigitte (1), qui est également coach et a, tout comme moi, franchi le pas de la reconversion professionnelle.

“Brigitte, comment pourrais-tu résumer ta propre expérience?”

“ Mon propre changement professionnel s’est mis en marche en 2012 lorsque j’ai appris que, dans le cadre d’une restructuration, je devais changer de fonction et que j’étais en fait “rétrogradée”.
Passés le choc de la mauvaise nouvelle, les émotions qui m’ont assaillie, la nécessité de digérer ce qui était pour moi une première confrontation à l’échec personnel, cet événement a été pour moi un véritable déclencheur.
L’occasion d’écouter ma petite voix intérieure.
Qui me disait depuis longtemps que je n’étais pas vraiment à ma place.
Mon rêve depuis toujours était de donner cours, d’accompagner des personnes sur leur chemin de croissance, de les développer et d’écrire, et j’avais en fait laissé tout ce monde totalement derrière moi…
J’ai véritablement commencé à ce moment-là ma propre réflexion.”

“Comment as-tu mené cette introspection ?”

“Le travail d’introspection prend du temps.
L’accompagnement d’un coach peut s’avérer très utile pour aider à l’analyse de la situation et à la mise en carte de ce que serait cette nouvelle vie après le changement : recherche de ses talents , de ses valeurs, de qui on est vraiment, par recours par exemple aux Niveaux Logiques (2).

Nécessité donc pour changer sa vie professionnelle de vraiment prendre le temps de la réflexion. Comme le dit très bien Herminia Ibarra dans son livre “Working Identity” (3), quand on change de vie professionnelle, on change aussi d’identité …”

“Quels sont les principaux obstacles auxquels tu t’es heurtée dans cette recherche, auxquels les personnes que tu coaches se heurtent elles aussi?”

“Les peurs.
Les peurs personnelles.
Les peurs de l’entourage.
La peur de l’inconnu notamment.

Il est très important d’analyser ces peurs en profondeur, de les rendre très concrètes et d’essayer de les rationnaliser et de les objectiver.
Le coach joue là aussi un rôle important en aidant à déceler derrière chaque peur le besoin non exprimé. Et si ce besoin doit être assouvi, la seule façon de le faire, pour le coaché, c’est d’entrer en action.
Par exemple, très souvent, les personnes qui envisagent de quitter leur employeur et de devenir indépendantes parlent de leur peur de ce qui pourrait se passer si elles tombent malades. Quand on les interroge sur ce qu’il y a derrière cette peur, bien souvent, elles ne le savent pas. L’action concrète est alors de se renseigner auprès des caisses d’assurance maladie pour recueillir les informations précises.

La peur qui revient le plus est la peur financière. Dans le même ordre d’idées de la rationnalisation, le fait de travailler sur son plan financier et son budget aide vraiment.”

“Comment as-tu choisi ce que tu allais faire ?”

“Là aussi, cela prend du temps.
Dans mon cas personnel, par exemple, j’ai pris en fait plusieurs années avant de réellement changer de cap. Après la nouvelle de ma rétrogradation en 2012, dans ma nouvelle fonction de responsible Learning & Development, j’ai rencontré des coachs, des formateurs, j’ai donné moi-même des cours et j’ai commencé à écrire sous l’impulsion d’un de mes coaches… J’ai en fait pris ma décision de changer de vie en 2016.

Une chose sur laquelle je voudrais insister, c’est de se donner le temps et le droit de l’expérimentation, de mettre en pratique ce que l’on a envie de faire, d’aller voir le plus possible sur le terrain, de rencontrer des gens qui font ce job auquel on pense.

Aujourd’hui encore, dans mes nouvelles activités, j’expérimente et je suis à l’écoute de ce qui me donne le plus d’énergie.”

“Quel est le dernier conseil que tu peux nous donner?”

“Se mettre en action est plus facile si l’on a fait régulièrement son introspection.
C’est en peu comme le grand entretien de sa voiture! N’attendez pas que les choses aillent mal pour vous poser les bonnes questions, évaluez régulièrement si vous êtes encore sur le bon chemin, votre chemin.
Le monde change, de plus en plus, les changements sont de plus en plus fréquents et la seule certitude que nous avons aujourd’hui est que nous serons tôt ou tard confrontés au changement. Plus nous faisons régulièrement notre introspection, plus grande sera notre souplesse, notre flexibilité, notre capacité à nous adapter et rebondir.”

En reprenant les principaux conseils de Brigitte, en me basant également sur ma propre expérience et sur ce qui ressort de mes coachings et de la littérature, je voudrais conclure en mettant en lumière 4 éléments.

Face à un changement professionnel, souhaité ou subi:

  1. Prenez le temps de l’introspection en profondeur : avoir un cap, donner un sens. Le sens que l’on donne à son propre processus de changement aide à tenir son cap malgré les tempêtes, les doutes et les peurs.
  2. Et puisque le changement fait peur, prenez le temps d’analyser vos peurs, de déceler les besoins sous-jacents et de les objectiver.
  3. Prenez aussi le temps de l’expérimentation avant d’activer votre changement de cap.
  4. Et puisqu’il faut du temps, n’attendez pas que le changement vous prenne par surprise. Faites régulièrement l’exercice de l’introspection.

Le coaching peut vous aider à définir votre cap et à donner un sens à votre changement. Il contribue à dépasser les obstacles et les croyances limitantes. Le coaching est orienté vers l’avenir et stimule le coaché à se mettre en mouvement.

Le jeu en vaut la chandelle.

D’après une étude menée en France par Pôle Emploi, la mobilité professionnelle, lorsqu’elle est choisie, conduit le plus souvent à une amélioration des conditions de travail et à un meilleur équilibre vie privée-vie professionnelle. En outre, les deux tiers des personnes concernées déclarent avoir davantage de possibilités d’évolution dans leur nouveau métier.

Et pour laisser le mot de la fin à Brigitte: “Depuis plus d’un an, je me lève tous les matins heureuse, pleine d’énergie et totalement en accord avec moi-même.”

Catherine Debatty
Business Coach
CentrEmergences Ixelles

(1) Brigitte Ballings est coach de transition et accompagne des personnes dans le cadre notamment de trajets d’outplacement. Elle donne également des formations et a écrit un livre (“Een stap terug? Je denk er niet aan!/A step back? No way”)
(2) Le modèle des niveaux logiques de Robert Dilts invite, face à une situation donnée, à analyser cette situation selon 6 niveaux différents.
(3) “Working Identity” de Herminia Ibarra, chez Harvard Business School Press.

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