L'impact de la séparation sur les enfants
Sarah Balaes
Je suis trop maigre, des fesses plates, pas de seins, pas de muscle, la chaire sur les os, un nez trop petit, des mollets trop gros, je suis trop petit, ou trop grande, j’ai mon ventre qui pend, je perds mes cheveux, je n’aime pas mon front, mon menton, ni mes pieds.
Toutes ces lamentations et bien d’autres encore peuvent envahir notre quotidien, miner la confiance en soi et plomber le moral.
Petites phrases assassines, auto sabotage chronique, ruminations incessantes.
Ces maux ne se racontent plus, ils s’inscrivent dans le regard, la démarche.
L’expression reflète le désarroi de ce sentiment d’injustice.
Pourquoi suis-je né si laid ? Pourquoi l’autre est-il si beau ?
Nous connaissons le trouble de l’anorexie. A l’antichambre de la mort, malgré son poids squelettique le ou la ‘malade’ se trouve encore trop gros-se.
A côté de cette pathologie, il y a la ‘dysmorphophobie’ nettement moins connue et pourtant nettement plus fréquente.
De l’insatisfaction modérée au dégoût profond de son corps.
‘La dysmorphophobie ou dysmorphobie est la crainte obsédante d'être laid ou malformé pour un ou plusieurs aspects de son corps (taille, pilosité, nez, yeux, oreilles, seins, etc.).’ Enrico Morselli 1886
Les revues ‘’santé’’ féminines ou masculines assimilent le bien-être au bien paraitre.
Elles impactent directement la perception que nous avons de notre corps.
Toutes ces revues créent leur propre marché. Une crème pour raffermir les fesses, une autre contre la cellulite, une pilule anti-âge, un shampooing anti chute, etc., etc…
Elles portent le vice à nous faire croire qu’il ne s’agirait pas du regard des autres. ‘Faites-le pour vous-même, parce que vous le valez bien !’
Sentez-vous bien dans votre corps… ou dans celui que l’on nous propose comme modèle.
Ces besoins s’incarnent en nous, consommateurs du conformisme. Telles mensurations nous sont présentées comme les clefs du paradis.
On s’adapte. Quand c’est la période des mini-jupes, on porte des mini-jupes. La chair est faible….
Nous avons tous plus ou moins intériorisé les standards, nous et les autres qui nous regardent.
Au plus les standards esthétiques proposés (avec insistance) sont étroits, au plus le risque de se trouver laid, ou hors norme est grand, au plus nombreux sont les dysmorphophobiques.
Malades chaque matin de se voir dans la glace, leur pire ennemie, malades chaque jour de se voir dans le regard des autres, ou dans le reflet des vitrines, ils ne fréquentent ni les piscines, ni les clubs de sport, et connaissent mille astuces pour cacher leurs soi-disant difformités.
Alors se crée un espoir désespérant, je me trouverai plus beau si…je perds X kilos, si
je travaille mes muscles, si je fais de la médecine esthétique, si… comme le promettent toutes ces revues.
Celles-là vendent les remèdes pour les maladies qu’elles inventent.
Il n’y a souvent pas de maladie, mais juste un mal-être, et les soins proposés sont inadéquats, objets de commerce.
En attendant, je me dénigre au fil des secondes, je me dégoûte et me déçois, que des dé…, sauf celui du désir.
Le désir disparait de ce corps. Il n’y est plus autorisé.
Il y en a des moins beaux qui ne se trouvent ‘pas si mal’, et deviennent beaux.
Il y en a des ‘pas si mal’ qui se trouvent moches, transformant l’expression de leur corps et de leurs visage en moche.
Il y a la réalité du regard de l’autre et surtout ce besoin profond d’être désiré, d’être aimé.
Ce besoin peut venir d’une source interne de confiance en soi tarie depuis la plus petite enfance.
L’enfant avait un besoin bien supérieur à ce qu’il a reçu de compliments, de renforcements positifs.
Parfois, il a été victime de moqueries. Des petites phrases telles que ‘tu es si belle ma chérie !’, mon chéri que tu es beau !’ peuvent manquer cruellement dans le vécu des enfants et des adolescents.
Cette source tarie cherche à se compenser dans le regard des autres.
Nous devenons mendiants du regard des autres.
Pourtant, des solutions existent pour les dysmorphophobiques, à travailler sur 3 plans :
1/ Travailler sur nos failles . Convaincu peut-être depuis l’enfance d’être moche, le travail peut se porter sur plusieurs points en fonction de l’histoire personnelle de chacun, avec peut-être des lignes de force communes telles le fait de (ne pas) se sentir aimable au sens propre et figuré, le fait de (ne pas) se sentir désirable.
Les thérapies systémiques, analytiques, comportementales, rogériennes sont toutes des voies possibles et adaptées aux besoins spécifiques de chacun. La consultation d’orientation peut permettre d’articuler une de ces approches vous convenant le mieux avec une approche plus corporelle.
2/Travailler sur son corps, de corps à corps que ce soit par le fait de se laisser toucher par ses proches, de
se toucher soi-même, et/ou de se laisser toucher par quelqu’un qui pratique le massage.
La place du massage est primordiale dans la (re)découverte positive de son corps.
Il s’agit d’une désensibilisation du regard de l’autre vécu comme menaçant, par l’expérience sensorielle et sensuelle respectueuse du massage.
Il doit commencer par des zones de ‘sécurité’ pour le patient, un massage crânien, et doit rester à l’écoute du patient à tout moment.
D’autres approches plus énergétiques répondront aux besoins de personnes pour qui le verbal est difficile et le toucher impossible dans un 1er temps, telles la Kinésio, le Reiki
3/Travailler son corps en mouvement avec les autres, lui apprendre à danser avec les autres, à ne pas rester assis, sûr d’être un piètre danseur. Certains sont beaucoup plus doués pour cette danse relationnelle, avec une aisance naturelle de leur corps.
La théâtrothérapie permet de jouer dans l’espace et dans le regard de l’autre, dans l’interaction avec l’autre.
Elle permet tant par le verbal que le non verbal de se représenter de manière positive et bienveillante avec soi.
Travailler l’image de son corps, travailler son image afin de s’y reconnaitre, apprendre les couleurs qui nous correspondent est une voie plus légère mais tout aussi importante dans la réconciliation avec soi
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Sarah Balaes
Pierre Duray
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