L'impact de la séparation sur les enfants
Sarah Balaes
" Les personnes possèdent toujours plus d'expérience réelle en elles pour résoudre le problème que tout autre personne. ", Michael White
Souvent, des décennies passent avant qu’une personne ayant été violentée sexuellement ose révéler publiquement ou le plus souvent en comité restreint ce qui lui est arrivé.
Beaucoup me disent : « J’ai enfin réussi à avouer ce qui s’est passé ! ». Je reçois chaque fois ce mot « avouer » comme une épine qui me transperce le cœur. « Avouer » est tellement imprégné de culpabilité et de honte, comme si ce ou ces événements violents étaient de la faute de la victime. La victime s’excuse presque (parfois vraiment) de ce qui lui est arrivé.
D’ailleurs, certaines d’entre elles refusent de porter plainte car elles ne veulent pas faire de tort à l’agresseur et à sa famille. Et lorsque cela se passe dans un contexte intrafamilial, la victime ne veut pas causer plus de mal qu’elle n’en a déjà fait (selon son point de vue).
Parmi les effets d’agressions sexuelles, et ils sont pléthores, il y a cette inversion des rôles. L’agresseur se place souvent en victime et le violenté se sent coupable et honteux de ce qui lui est arrivé mais aussi des conséquences que pourraient avoir ses révélations. Et cette croyance a généralement eu le temps de bien s’immiscer dans la construction de la personne. Certaines victimes vivent pendant des années et des années les assauts de l’abuseur voire des abuseurs. Ceci amène ces victimes à développer un syndrome post-traumatique (PTSD). Une des caractéristiques de ce PTSD est la reviviscence c’est-à-dire pas seulement des souvenirs mais bien un revécu des événements traumatisants.
Force est de constater que le sabotage de l’histoire de la personne a été systématique et ce même si certaines personnes arrivent à construire une vie familiale et professionnelle qui semble épanouie.
Mais un jour, cette histoire blessée a besoin d’être racontée, d’être mise en lumière.
C’est à ce moment que l’Approche Narrative peut intervenir. Là où un cataclysme à mis en poussière l’histoire de la personne, honorer cette histoire et l’histoire alternative possible, c’est permettre à cette personne de retrouver une identité et une place dans la communauté.
Bien des stratégies de survie ont été mises en place par la victime pour qu’elle puisse arriver jusqu’au moment présent, ce qui fait d’elle une vraie experte de sa propre vie. Et c’est à ce titre que le praticien narratif l’accompagnera. L’accompagné est l’expert de l’histoire de sa vie tant dans la survie face à l’histoire dominante traumatique que dans les opportunités d’histoires alternatives pas suffisamment alimentées ou ignorées jusque-là.
Je ne m’attarderai pas ici sur l’aspect « technique » de l’Approche Narrative qui ne vous parlerait pas mais je dirais que lors d’un accompagnement narratif tout est fait pour que la personne puisse tisser une nouvelles histoire tant le paysage de l’identité, celui de l’action, de la relation ainsi qu’une progression sur la ligne du temps.
Pour terminer, j’irai chercher un extrait de la conclusion du livre de Dina Scherrer, Réparer les Histoires :
« La puissance de ces concepts réside dans le fait que la personne aborde ses difficultés en ne sentant jamais le problème, en restant digne et sans jamais se sentir honteuse.
On pourrait presque dire que le problème, traité de cette manière, devient comme une chance car il permet à la personne désorientée de retrouver son chemin. On peut rester sur un chemin approximatif toute sa vie, c’est comme marcher avec un caillou dans sa chaussure. Ce n’est pas très confortable, mais c’est possible. Sauf que, quand on enlève le caillou, la vie devient bien plus agréable. Il n’y a plus rien entre nous et nos projets. On redevient auteur de sa vie. »
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