Let's go to the future

Pierre Duray

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Dans notre société, il y a, de nos jours, de nombreuses personnes qui souffrent d’un mal-être existentiel. Lisant beaucoup sur les sujets de santé mentale, de psychologie, d’énergétique etc., je suis surprise de ne pas retrouver la thérapie selon l’approche systémique et stratégique de Palo Alto plus souvent mentionnée. La question qui me taraude est « pourquoi ? » sans doute est-elle trop méconnue…
Dans notre société, il y a, de nos jours, de nombreuses personnes qui souffrent d’un mal-être existentiel. Lisant beaucoup sur les sujets de santé mentale, de psychologie, d’énergétique etc., je suis surprise de ne pas retrouver la thérapie selon l’approche systémique et stratégique de Palo Alto[i] plus souvent mentionnée. La question qui me taraude est « pourquoi ? » sans doute est-elle trop méconnue… c’est pour cette raison que j’aimerais, à ma hauteur de petit colibri, expliquer ce qu’elle englobe et en quoi elle peut être intéressante à envisager lorsqu’on ne sait vers qui se tourner.
Tout d’abord, de quoi s’agit-il exactement ? Il s’agit d’une forme d’accompagnement de courte durée, raison pour laquelle elle fait partie des thérapies brèves. Il y a donc un début et une fin, le rythme est choisi en collaboration avec le patient pour le faire progresser vers son but : apaiser sa souffrance.
En outre, la thérapie brève selon Palo Alto, courant né dans les années 1950 aux Etats-Unis, se base sur l’ici et maintenant, non sur les raisons d’occurrence de la situation problématique. Métaphoriquement, le thérapeute cherchera à aider le patient à sortir du trou dans lequel il est tombé et ne cherchera pas vraiment à comprendre toutes les étapes qui l’auront mené au trou, au contraire d’une psychanalyse.
Cette approche est systémique puisqu’elle tient compte de la manière dont les membres du système (groupe) interagissent entre eux. Ces interactions peuvent être intra-personnelles ou interpersonnelles c’est-à-dire soit au sein du patient avec le tryptique : pensées – émotions - corps, soit à déceler dans les relations entre le patient et ses interlocuteurs. Ces interactions sont perçues dans leur circularité et non pas leur linéarité : il ne s’agit pas d’une relation A qui entraine B qui entraine C mais bien de multiples influences entre les éléments d’un même groupe.
Par ailleurs, l’approche stratégique et systémique de Palo Alto se fonde sur l’apaisement d’une souffrance. Cette méthode va s’intéresser à ce qui est douloureux pour le patient, analyser ce que le patient et parfois son entourage ont déjà mis en place pour tenter de solutionner la difficulté. Le thérapeute va questionner très précisément le patient pour décrypter sa souffrance, comment elle se manifeste, ce qu’il en fait ou s’en dit, ce qu’il ressent… Ensemble, ils vont analyser ce qui a très logiquement déjà été essayé, un peu, beaucoup, …. à la folie parfois. L’idée phare des fondateurs de l’école de Palo Alto est que c’est souvent ce que nous mettons en place pour résoudre une difficulté qui non seulement ne la résout pas mais peut même l’alimenter, voire l’aggraver. Selon l’un des piliers de cette approche, Paul Watzlawick, « le problème, c’est la solution ». Le thérapeute après avoir saisi les différentes tentatives de solution mises en place par le patient va pouvoir amorcer un virage et proposer une approche radicalement opposée : « Vous vous sentez dans une impasse, faisons demi-tour. »
C’est en créant une véritable alliance stratégique avec le patient par son écoute et son empathie que le praticien pourra lui refléter les tenants et aboutissants du cercle vicieux dans lequel il est pris. L’école de Palo Alto propose alors de faire un virage à 180°, c’est-à-dire accompagner le patient à faire exactement l’inverse de tout ce qu’il a tenté jusqu’à présent.
Dès lors, patient et thérapeute vont cheminer ensemble vers des tâches souvent inenvisagées jusqu’alors car plutôt contre-intuitives de prime abord. Ces tâches vont permettre d’observer comment la situation problématique évolue en changeant l’un ou l’autre paramètre de la relation puisque comme le souligne Paul Watzlawick très justement : « Nous soignons des relations, pas des gens. »
Palo Alto est donc, à mon sens, un fabuleux outil pour aborder des problématiques tant internes qu’externes : allant des angoisses et peurs submergeantes jusqu’à l’exclusion sociale, ou de la difficulté de prendre la parole en public jusqu’à des tensions quotidiennes entre un parent et son ado, ou de stress paralysant face à un examen jusqu’au harcèlement scolaire ou professionnel, ou de la douloureuse épreuve d’un deuil jusqu’à la perte de sens dans une vie où tout va si vite à tel point que l’on a l’impression d’en perdre le contrôle.
Vous l’aurez compris : toute difficulté peut être abordée avec cette approche !
[i] Palo Alto : nom d’une ville en Californie où le Mental Research Institute a développé le courant dont il est question ci-dessus.
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Pierre Duray
Anne-Françoise Meulemans
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